En 2013, Arianespace assurait la moitié des lancements spatiaux commerciaux dans le monde. 10 ans plus tard, l’Europe vise 4 lancements, SpaceX… 100. Ce sujet pourrait paraître secondaire à l’heure de la réforme des retraites, de l’urgence climatique ou de la guerre en Ukraine.
Jeudi dernier, l’agence spatiale européenne publiait les conclusions de son High Level Advisory Group on space exploration auquel j’ai eu l’honneur de participer aux côtés d’une dizaine d’autres personnalités européennes. Je publiais hier une tribune dans les Echos sur ce qui, pour moi, constitue un sujet majeur pour l’avenir de l’Europe.
1/ De l’explosion des cas d’usages satellitaires au tourisme spatial en passant par l’installation de panneaux solaires en orbite, l’économie de l’espace est à l’aube d’une formidable accélération. Elle pourrait atteindre près de 1000 milliards de dollars à l’horizon 2040, sans compter les retombées technologiques (yc dans la transition climatique).
2/ Plus accessible et économiquement stratégique, le champ spatial sera aussi plus contesté. Dans un contexte de guerre froide sino-américaine, les Européens pourraient être réduits au rôle de spectateurs de l’avenir de leur propre ciel s’ils ne disposent pas de leurs propres capacités — sans oublier les résonances technologiques importantes avec le secteur de la défense (cf les performances des missiles hypersoniques russes en Ukraine).
3/ Après avoir manqué certaines des dernières révolutions technologiques, avec le déclin économique et géostratégique que cela implique (on en sait quelque chose dans le numérique), l’Europe peut difficilement se permettre de manquer celle-ci.
4/ Une partie de la réponse est dans l’amélioration du système actuel. Schématiquement, nous devons investir (beaucoup) plus et alléger les contraintes anti-économiques qui pèsent sur nos industriels. Sans cela, il est illusoire d’espérer quoi que ce soit.
5/ Le principal “game changer” du paysage mondial de ces 20 dernières années, c’est l’émergence de SpaceX et du #newspace. Si nous voulons revenir dans la course, nous devons nous inspirer de ce que la NASA a fait : i. transformer nos processus d’achat et faire confiance au secteur privé ii. Introduire une vraie concurrence entre les acteurs iii. Stimuler l’émergence de nouveaux acteurs industriels. (les points ii et iii renvoyant pour beaucoup au point i)
Sauf à compromettre sérieusement une part de sa prospérité, de son indépendance et de son influence dans le monde, notre continent doit relancer son ambition en matière d’exploration spatiale.
Sur le même sujet : retrouvez mon intervention chez Tech&Co sur BFM : https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/tech-and-co/cedric-o-esa-exploration-spatiale-un-rapport-conseille-a-l-europe-de-depenser-plus-et-mieux-pour-etre-autonome-29-03_VN-202303290781.html
